LES AVENTURES DE LA DIGITALE AUX... TOURS DE MERLE
Le 1er jour de notre escapade en Corrèze se poursuit à Saint-Geniez-ô-Merle où notre joyeuse troupe est désormais rassemblée pour prendre d'assaut les Tours de Merle. Mais, auparavant, tous doivent patiemment attendre Hennie et Gilles dont le musardant équipage se voit décerner la lanterne rouge.
Puis notre guide, une souriante et pétillante jeune rouquine, commence avec ferveur à nous dérouler l'histoire singulière de ce qui fut une citadelle fortifiée et dont, aujourd'hui, les vestiges fantasmagoriques se dressent devant nos yeux brûlant de voir de plus près ces pierres du 12ème siècle.
Les nombreuses particularités de la forteresse de Merle sont, notamment, qu'elle a été bâtie sur plusieurs siècles, s'enrichissant au fur et à mesure de nouveaux châteaux, tous spectaculairement accrochés à l'éperon rocheux que la rivière La Maronne entoure sur 3 côtés...
La raison d'être de ces multiples châteaux tient au fait qu'ils abritaient les 7 familles de 7 chevaliers qui se partageaient la co-seigneurie des lieux. Inutile par ailleurs de vous préciser que le seul côté laissé accessible par la rivière était bien surveillé et... astucieusement gardé !
Nous réalisons vite pourquoi cette forteresse avait (jusqu'à l'invention des canons, au 15ème siècle) la réputation d'être imprenable quand nous commençons la rude grimpette du sentier qui y mène (avec une pensée émue pour Yvette, à qui cette seconde aventure est dédiée).
Le sentier mène à l'endroit où se trouvait un lourd portail ouvrant sur un poste de garde, lequel donnait accès à une chapelle... or, au moyen-âge, il est interdit de venir en armes dans un lieu de culte (dixit notre guide qui, bien que stagiaire, semble aussi prometteuse que passionnée !).
Au 13ème siècle, le château des familles de Fulcon de Merle et de Hugues de Merle est à son tour érigé. Le seul moyen d'y accéder est d'emprunter un escalier en pierre, en colimaçon, et d'en gravir les 90 marches. Cet escalier a sans doute prioritairement été pensé comme moyen pour contenir l'assaillant.
Un autres des châteaux, dit "du Rocher de Confolenc", est la co-propriété de Pierre de Merle, de Fulcon de Merle et de Bertrand de Vayrac. En 1365, ses 3 seigneurs décident, eux aussi, d'y faire construire un "escalier de servitude" dans le but de se protéger de "l'envahisseur anglais".
Nos 7 co-seigneurs et leurs familles, tous dotés de mollets bien musclés, dormaient dans des chambres qui possédaient un plancher (isolant) en bois. Les murs étaient recouvert de tentures, de tapisseries ou de panneaux en cuir décorés pour garder la châleur générée par la cheminée.
Un pigeonnier, contenant plusieurs dizaines de 1/2 vasques en terre cuite, fixées aux murs intérieurs au moyen d'un mortier de chaux, servaient de nids à une centaine de pigeons qui étaient ainsi à l'abri des rapaces (et pouvaient donc, généreusement, aller garnir les écuelles des co-seigneurs).
En contrebas des 2 tours qui culminent au sommet se trouvent l'unique terrain plat de la citadelle... la Place del Ferradou. Au moyen-âge, une citerne s'y trouvait dans laquelle étaient stockées les eaux de pluies provenant des toits. L'eau y était puisée à l'aide d'un seau en cuivre nommé lou ferradou.
Notre Digitalienne troupe grimpe alors vers ce qu'elle croit être son dernier objectif, les intrigantes tours du sommet. La 1ère a voir le jour est terminée aux alentours de l'an 1220 : elle est la propriété de la famille de Pesteil. Elle a nécessité 168.000 litres de mortier et 56 tonnes de chaux.
L'entrée de la tour des seigneurs de Pesteil se trouve à 2 bons mètres au dessus du sol. Elle n'était accessible qu'en empruntant un escalier mobile en bois qui pouvait être relevé (un "escalier-levis" en quelque sorte). L'emprise au sol de cette tour est de 7,6 mètres par 3,8 et chaque niveau a été divisé en plusieurs petites salles.
2.800 pierres ont été utilisées, lesquelles ont été hissées (à dos d'hommes) au sommet pour y être taillées sur place, à raison d'un m3 par jour ! Un rien jalouse, la famille de Merle décide alors de faire construire sa propre tour, plus haute évidemment, et juste à côté de celle de la famille de Pesteil...
Les De Pesteil exigent alors qu'aucune fenêtre ne soient percée en vis à vis de leur tour. Les De Merle doivent se plier à cette exigence s'ils veulent construire leur tour ! La famille De Merle respecte bien l'accord et ne met aucune fenêtre du côté des De Pesteil. Mais, par contre, elle y fait installer ses... latrines.
Après que nous soyons tous (prudemment) redescendus, notre aimable guide nous explique que l'ancienne forteresse des Tours de Merle est désormais le centre d'un parc (de 10 hectares) qui englobe le méandre de La Maronne, une exposition archélogique, une maquette de la citadelle et une ferme reconstituée.
Historiquement, la cité médiévale fortifiée était un verrou, blotti entre le duché d'Aquitaine et le comté d'Auvergne. Aujourd'hui cristallisé, le site touristique des Tours de Merle est considéré comme le "joyau du Limousin médiéval" (ce que nous confirmons et, si j'osais provoquer, j'avouerais souhaiter le voir être reconstruit).
Après la visite, les Digitaliens se dispersent pour rejoindre un des 3 gîtes où ils doivent passer la nuit, les uns à Argentat et les autres à Camps. Le 3ème, le notre, est tout proche puisqu'il est au village de Sermus, à Saint-Geniez-ô-Merle. Albert branche son GPS et son équipe part devant, suivi par Véra et ses passagères...
Nous nous retrouvons alors, assez rapidement, nez à nez avec leurs 2 voitures : Albert nous dit que son GPS a changé d'avis et lui a demandé de faire demi-tour. Nous lui disons qu'il était pourtant dans la bonne direction puisque le notre indique la même ! Et nos 3 voitures reprennent là où Albert a rebroussé chemin...
Nous arrivons ensuite à un village... où notre GPS nous dit soudain de faire demi-tour ! Nous décidons tous de retourner aux Tours de Merle pour essayer l'autre route... le gîte est bien indiqué et la route nous mène gentiment jusqu'à Sermus. Nous voilà sauvés (mais le mystère de nos GPS déboussolés reste entier) !
Gilles