LES AVENTURES DE LA DIGITALE A... AUBAZINE
Cette 1ère aventure, comme les 3 autres qui suivront, est dédiée à Yvette, à Silvia, à Dominique et à Jean-Pierre A., 4 malchanceux Digitaliens qui, pour des raisons personnelles, ont été obligés d'annuler leur participation à ce voyage...
A l'heure prévue, 25 autres Digitaliens se retrouvent devant l'entrée de l'abbaye du petit bourg corrézien d'Aubazine. L'unique employé de l'ancien monastère (qui est désormais propriété de l'église grecque-melkite catholique) nous invite à quitter la boutique du monastère et à nous rendre dans le cloitre fleuri.
Là, autour de la fontaine monolithique qu'alimente une intarissable source, il nous abreuve avec l'histoire de cet édifice, lequel a été construit (à partir de 1125) par de rigoureux moines cisterciens sur des terres offertes par le vicomte d'Archambault, avec l'accord de l'évèque de Limoges.
Pendant ce temps, un moine grec-melkite va rouvrir la porte de l'abbaye (que notre guide salarié avait refermé derrière lui) et il assure lui-même la visite guidée de 11 heures pour le public... mince ! Notre groupe perd d'un seul coup le valorisant statut de privilégié (qu'il pensait avoir) !
Notre guide nous entraîne ensuite dans la salle du chapitre. A cet endroit (nous dit-il), au moyen-âge, assis sur les gradins, les moines qui se sont un tant soit peu écartés des très strictes règles de l'ordre des cisterciens se font sermonner en public (se font chapitrer donc) par l'abbé qui dirige le monastère.
Nous enchaînons ensuite en passant dans le scriptorium où, jusqu'aux alentours de l'invention de l'imprimerie, des moines recopiaient (pour un usage strictement réservé aux ecclésiastiques) de pieux livres, richement enluminés.
Cette pièce, qui était chauffée pour protéger le papier de l'humidité, apportait à l'occasion un peu de confort aux moines copistes, qui travaillaient debout (quand ils étaient en haut de leurs pages) et terminaient à genoux (lorsqu'ils arrivaient en bas de celles-ci).
Nous prenons ensuite un peu l'air sous le tilleul, qui jouxte le bassin dans lequel les moines élevaient les carpes que leur ordre leur permettaient de manger. Notre onctueux guide barbu nous y narre alors une autre page de l'histoire de l'abbaye, avant de nous emmener dans les cuisines...
La taille de la cuisine nous permet plus facilement d'appréhender le grand nombre de moines qui vivaient au moyen-âge dans ces lieux (sévères)... avant que l'ordre des cisterciens n'entame son déclin et ne peine ensuite à trouver assez de moines pour faire perdurer le monastère.
Nous revenons ensuite sur nos pas et, par "l'escalier de jour", grimpons au 1er étage du bâtiment où se trouvaient les cellules des moines et les appartements de l'abbé. Le couloir, carrelé en galets pisés monochromes (que nous nommons "calades" en Creuse), s'orne de différents motifs floraux.
Au bout de ce couloir, notre guide nous ouvre une porte massive mais ne nous en autorise pas l'accès : elle dessert "l'escalier de nuit", aux marches irrégulières, par où les moines (mal réveillés) descendaient au milieu de la nuit pour atteindre l'église... où ils devaient prier.
Pendant ce temps là, juste à côté, l'abbé dormait dans ses appartements... lesquels appartements nous visitons ensuite, dans la foulée. Il s'agit en fait d'une suite (de 3 pièces), calquée sur le modèle de ce que faisaient les nobles dans leurs châteaux (à la renaissance).
En 1840, l'abbaye et l'église sont classées monuments historiques puis, en 1860, les bâtiments sont convertis en orphelinat pour jeunes filles. Ces dernières, qui portent un uniforme noir, sont confiées aux bons soins des religieuses de l'ordre du Saint-Coeur de Marie.
A la mort de son épouse en 1895, monsieur Chanel fait admettre sa fille Gabrielle (qui a alors 12 ans) parmi les pensionnaires de cet orphelinat. La future Coco Chanel va en porter l'uniforme austère jusqu'en 1901 et sortira profondément marqué par ces lieux où elle a passé 6 années de son adolescence.
Nous retournons sous le tilleul, près de l'ancien vivier à poissons, où des tables sont mises à la disposition des visiteurs (moyennant toutefois un péage de 0,5 € par personne). Fidèles à leur habitude, les Digitaliens font honneur à l'abondante nourriture qu'ils ont apportée !
Après le repas, tel une volée de moineaux, notre groupe s'éparpille. Une partie d'entre nous va visiter l'église d'Aubazine (celle qui se trouve de l'autre côté de la porte, en bas de "l'escalier de nuit"). Un gisant, ses délicates sculptures, et l'autel méritent vraiment d'être vus.
D'autres grimpent les quelques centaines de mètres qui mènent à une chapelle (sans doute grecque-melkite catholique) pour en admirer les multiples peintures religieuses, notamment celles qui ornent richement l'impressionnant plafond de l'édifice.
Les éloges prodigués par notre guide du matin ont rendus la plupart d'entre nous assez courageux pour grimper jusqu'à ce fameux canal que les moines ont jadis réalisé pour amener une partie du cours du Coiroux (où se trouve un couvent) jusqu'à Aubazine pour satisfaire leurs besoins agricoles et domestiques en eau.
Long de 1700 mètres, ce canal va coûter aux moines cisterciens une dizaines d'années de durs labeurs avant que l'eau ne parvienne jusqu'à Aubazine. Ils n'hésitent pas, quand il le faut, à tailler dans la roche (à l'aide de coins en bois) pour maintenir à 0,5% la pente qui permet un écoulement paisible et régulier.
L'enjeu est important puisque ce canal, parfois bordé d'à pic de 40 mètres, devra alimenter le bassin des poissons, permettre d'approvisionner les 3 lavoirs, d'irriguer toutes les cultures vivrières du monastère et servira également à évacuer les déchets et les excréments...
Mais l'aventure suivante nous attend déjà (à suivre prochainement sur votre écran) !
Gilles