21 (MINUSCULES) DIGITALIENS EN FORÊT DE TRONCAIS
Notre groupe se retrouve au Rond Gardien (le carrefour central du massif forestier) pour une matinée réservée à la visite guidée. Notre guide, aussi sympathique que compétente, nous fait entrer de façon détaillée dans les arcanes de l'exploitation forestière de Tronçais.
Cette forêt de 10.500 Ha compte 250 km de "lignes forestières" (les pistes principales délimitant les parcelles) qui se coupent au niveau de 59 "ronds" (les carrefours). Elle est labellisée Forêt d'Exception pour le bois de merrains (utilisé en tonnellerie).
Il n'existent que 15 forêts labellisées en France, chacune spécialisée dans un domaine différent (bois de charpente, de construction navale, etc...).
A Tronçais, le peuplement est presque exclusivement constitué de chêne sessile, la seule essence exploitée. La forêt est divisée en 444 parcelles qui correspondent chacune à des stades de croissance différents.
L'exploitation de la forêt repose sur la régénération naturelle : les arbres âgés ensemencent le sol, avant d'être abattus vers l'âge de 250 ans, à raison d'une coupe d'éclaircissement de 30% tous les 5 ans. La coupe totale dure donc 15 ans, un délai indispensable au réensemencement naturelle.
La dernière coupe laisse une parcelle peuplée au départ de 200.000 tiges par Ha, dont on favorise la croissance par défrichage des espèces concurrentes (fougères, arbustes, etc...).
La première coupe d'éclaircie a lieu après environ 25 ans. Tous les arbres d'une même parcelle croissent donc en même temps, ce qui produit des troncs droits et sans branches latérales (qui s'éliminent d'elles mêmes du fait du manque de lumière).
Les arbres matures dépassent ainsi les 40 mètres. Le bois mort est laissé sur place : il faut un minimum de 20 tonnes de bois mort à l'Ha pour produire l'humus nécessaire. Ce bois mort sert aussi de gîte aux xylophages qui sont ainsi naturellement détournés des arbres sains.
La forêt abrite par ailleurs 24 espèces de chauve-souris, 90 espèces d'oiseaux et, évidemment, du gibier (des chasses encadrées y sont régulièrement organisées pour contenir les populations).
Les arbres issus des coupes d'éclaircie ont des utilisations différentes en fonction de leur âge : ébénisterie (100 ans), plaquage, parquet (150 à 200 ans) et, enfin, merrains (250 ans). A ce stade, le peuplement n'est plus que de 70 individus par hectare.
Chaque arbre est abattu manuellement, après l'intervention d'un "éhouppeur" (il n'en existe que 6 en France, chargés de couper les branches du houppier avant l'abattage).
30% seulement d'un arbre sert à la fabrication de merrains : l'aubier (trop tendre) et le cœur (trop dur) étant destinés à d'autres usages. Le bois débité sèche pendant 3 ans à Cerilly, où il est transformé en merrains qui sont ensuite expédiés dans les régions viticoles pour un nouveau séchage de 3 ans avant la fabrication des tonneaux.
Après avoir rendu visite au vénérable et imposant "chêne Stebbing" (âgé de 390 ans et portant le nom d'un professeur de l'école forestière d'Edimbourg) ainsi qu'au « chêne carré », la visite se termine à la fontaine Viljot. La forêt de Tronçais compte 40 fontaines, toutes d'époque gallo-romaine (celle de Viljot a été réhabilitée en 1900).
L'eau y coule de façon naturelle, contrairement à celle des étangs qui est stagnante. Les fontaines servaient autrefois de points d'eau aux bûcherons qui travaillaient dans la forêt et qui, bien souvent, y vivaient aussi.
Après cette matinée très instructive (suivie d'un pique-nique convivial), la majorité des participants termine cette superbe journée du 7 octobre sur le sentier thématique de la futaie Colbert II, équipé de panneaux qui nous expliquent la nature du sol, la croissance des arbres (qui gagnent 15 cm de diamètre en 50 ans) et l'exploitation forestière propre à Tronçais.
Texte de Jean-François (photos de l'ONF, de Jean-François et de Gilles)