LE JOUR OU LA DIGITALE VOYAGEA ENTRE DU CHARBON ET DU PAPIER HAUT-DE-GAMME...
Sous un beau soleil d’automne, 35 adhérents et sympathisants de La Digitale se retrouvent devant la salle polyvalente de Lavaveix-les-Mines pour découvrir combien l’histoire de cette commune est étroitement liée à celle des houillères du Bassin d’Ahun.
Notre intervenant, Charles Stéphane (membre de l’Association « En avant Marche » et conseiller municipal chargé du patrimoine), au cours d’un brillant et très documenté exposé de plus de deux heures, évoque les différentes étapes qui précédèrent la création de la commune de Lavaveix- les -Mines, en 1868, suite à la demande de la Société minière.
On situe les premières concessions d’exploitation du charbon au milieu du XVIIème siècle (exploitants privés et consommation locale) pour une production qui, à la fin du XVIIIème, est évaluée à 100 tonnes.
En 1808, un regroupement d’exploitants locaux demande à l’Etat de lancer une étude sur le bassin minier d’Ahun, long de 25 km et large de 5 km. Une ordonnance royale de 1817 statue sur l’exploitation et marque la définition précise de deux concessions qui finissent par fusionner en 1863 pour créer à terme la Société des Houillères d’Ahun.
Une fois extrait, le charbon doit être commercialisé. Le lancement de la construction de la route de Guéret à Aubusson (1797-1840) et la construction de la voie ferrée, entreprise en 1861 et inaugurée en 1864 (sauf le viaduc de Busseau), vont permettre l’essor des houillères.
Notre intervenant évoque le rôle important à cette époque des entreprises industrielles locales, telle l’entreprise Sallandrouze, et des hommes politiques, tel Emile Girardin, député de Bourganeuf, qui recherche des partenaires financiers, ou le Duc de Mornay, demi-frère de Napoléon III.
En 2 siècles d’existence, l’entreprise fournit 12 millions de tonnes. En 1881, la commune compte 4.300 habitants et le bassin d’Ahun 10.000, dont 2.000 ouvriers qui travaillent à la mine. Les mineurs viennent essentiellement de Bretagne, de Normandie et d'Auvergne.
A cette période se répand l’influence importante de la libre pensée, la naissance du mouvement syndical et la présence d’un mouvement évangéliste qui, lui, disparaitra rapidement.
Le charbon extrait, qui n’est pas de bonne qualité, est supplanté par la concurrence des exploitations minières de Bretagne, de Belgique et d’Allemagne. L’activité décline et, en 1969, la société minière cesse l'exploitation, tout en restant propriétaire des locaux (dont certains menacent de s’effondrer).
En 2005, cette société n’a plus les moyens d’entretenir son patrimoine et, au mois de mars, elle est mise en liquidation. L’intérêt patrimonial du site est reconnu et inscrit au titre des monuments historiques en 2006. Désormais, c'est à la Commune qu'il incombe de restaurer les anciens bâtiments.
L’aile ouest des ateliers de réparation devient un tiers lieu de vie, l'aile sud est l'objet d'un projet lié aux activités agricoles et 6 des vieilles maisons des corons sont elles aussi classées monuments historiques et sont réhabilitées.
Notre groupe déambule ensuite à travers Lavaveix, apercevant les ateliers de la mine, la maison du directeur, la laverie à charbon (créée en 1932, elle reste unique en Europe) et la Coopérative, qui a joué un rôle important dans l'histoire de la mine... Nous tenons ici à remercier Mr Charles pour la qualité de ses renseignements.
Après une pause-déjeuner dans le restaurant de Cressat, 38 personnes se retrouvent à Puyberaud, commune du Moutier d’Ahun, où Laurence et Bruno Pasdeloup ont installé leur atelier de fabrication de papier artisanal selon les méthodes traditionnelles.
Actuellement, les artisans papetiers ne sont guère plus d’une dizaine pour toute la France. Le propriétaire des lieux décrit à notre nombreuse assistance, et ce de manière trés claire, les différentes étapes de la fabrication d'un papier artisanal.
Il évoque aussi l'historique de cette fabrication dans le monde et à travers les siècles, ainsi que les différentes matières utilisées (qui peuvent comprendre du lin, du chanvre, des orties, de la pâte à bois, du tissu, etc..).
Nous nous rendons ensuite dans l'atelier où Bruno nous explique comment sa compagne et lui fabriquent du papier pour le petit monde des arts graphiques et du luxe, mais également pour celui de la recherche.
Nous découvrons aussi les objets artistiques que son épouse a créé : des marques-page, des cartes d’anniversaire et des cartes de vœux, des bijoux, des textes imprimés sur des papiers à inclusion de fleurs, des luminaires, etc..
Cet après-midi a été, pour la plupart d'entre nous, la trés intéressante découverte d'un métier peu connu, lequel demande de la part de ceux qui l'exercent autant de passion et de patience que de savoir faire. Merci donc à Laurence et à Bruno Pasdeloup de nous l'avoir fait découvrir !
Noëlle (photos Sylvie et Gilles)