LE RICHE PATRIMOINE FUNERAIRE DU CIMETIERE DE GUERET...
En ce samedi après-midi du 7 décembre, Olivier Brunet explique aux 20 et quelques Digitaliens qui sont venus l'écouter que les autorités guérétoises ont décidé de déplacer le cimetière de Guéret (après 70 ans d'existence).
Il se trouve alors à l'emplacement de l'actuelle cour du lycée Pierre Bourdan et les élus projettent de l'installer "loin de la ville", sur une sorte de colline qui regarde les Monts de Guéret, en un endroit où se trouve déjà le cimetière de l'association des Pénitents noirs.
Les 2 propriétaires des terrains qui entourent le petit cimetière des Pénitents sont expropriés en 1839 et, à partir de 1840, plusieurs dizaines de tombes sont déménagées dans le nouveau lieu, lequel a été conçu comme un jardin paysager où les vivants peuvent venir honorer leurs défunts.
Puis, comme la plupart des cimetières de France, celui de Guéret commence ensuite à être délaissé. La conséquence première de cet abandon est de favoriser la dégradation, voire la disparition, d'un patrimoine funéraire propre au Limousin.
Dans le cimetière de Guéret, outre quelques tombes anciennes qui sont architecturalement étonnantes, de nombreuses plaques émaillées commencent à s'abimer, gommant ainsi la mémoire, l'épithaphe et parfois même l'image du visage du disparu qui a été enterré là.
Les Digitaliens se souviennent sans doute encore d'une sortie en Haute-Vienne que La Digitale avait spécifiquement consacré à ces plaques émaillés. Olivier Brunet attire aussi notre attention sur les symboles funéraires que nous allons rencontrer tout à l'heure, lors de la visite du cimetière.
Parmi ceux-ci, se trouvent les anneaux nuptiaux de couples "unis pour l'éternité", les palmes (attribuées aux vertueux, aux vainqueurs et aux martyrs), les images de saules pleureurs ou de visages en larmes et les représentations d'oiseaux (qui aident les âmes des défunts à monter au ciel).
Notre conférencier poursuit et cite les torches et les flammes symboliques (toujours pour aider les âmes à effectuer leur ascension), les sabliers (symbole du temps qui passe), les croix chrétiennes (qui rappelle la mort du Christ) et les laïques colonnes tronquées (qui évoquent les vies écourtées).
En ce qui concernent les omniprésentes plaques émaillées, le cimetière de Guéret en possède quelques-unes de particulièrement émouvantes, comme celle qui orne la tombe d'un enfant décédé à l'âge de 12 jours (au 19ème siècle) et un autre à 11 mois (en 1954).
Outre l'usure des intempéries, le patrimoine funéraire qui est encore, à ce jour, visible à Guéret est désormais menacé par les "reprises administratives de concessions". En 2014, 350 sépultures situées dans la partie la plus ancienne du cimetière ont ainsi été visées par un arrèté municipal.
Parmi elles, 35 ont un intéret historique, parfois national. C'est le cas de celle de Justin Bonaventure Morard de Galles, nommé vice-amiral en 1793, pendant la Révolution française, et qui a été enterré à Guéret en 1809.
C'est encore le cas avec celle du colonel François Elie Roudaire, qui cartographia la colonie française d'Algérie, voulut y créer une mer saharienne intérieure pour en modifier le climat et qui, à sa mort, fut mis en terre dans le cimetière de Guéret, sa ville natale.
Sans oublier la tombe de Louis Lacrocq, président de la Société des Sciences de la Creuse, rédacteur de nombreux ouvrages (notamment sur l'histoire de notre département) et farouche opposant à l'édification du barrage d'Eguzon, dont le résultat fut de noyer la vallée de la Creuse à Crozant.
Une fois rendu sur l'emplacement du cimetière de Guéret, nous évoluons dans ses allées et découvrons "in situ" ce qu'Olivier Brunet nous a expliqué au préalable, lorsque nous étions assis, bien au chaud et à l'abri, dans la salle de Braconne.
Centré sur les parties anciennes (historiques), les Digitaliens n'ont donc pas arpentés le carré militaire où sont méticuleusement alignées les sépultures de soldats français, morts au combat en 1939-1940. Parmi toutes ces tombes identiques, 2 portent la mention "inconnu".
Un pale coucher de soleil hivernal et la persistance d'un froid pénétrant et humide nous ont ensuite annoncé l'arrivée de la nuit. Nous nous sommes alors dispersés, non sans avoir remercié Olivier Brunet pour sa passionnante prestation, lesquels remerciements nous renouvelons une seconde fois ici.