Oradour-sur Glane : les enjeux de la mémoire !
Le samedi 28 octobre, de fidèles et courageux digitaliens se sont retrouvés plongés au coeur de la brume de la Glane au Centre de la Mémoire d'Oradour (CMO). La thématique de cette journée était axée sur la difficile question de la mémoire.
Le début de la visite a permis de jeter un regard sur la géographie du village martyr originel, sur celle du bourg nouveau et sur l'implantation du CMO dans la campagne limousine.
La première étape est une découverte des ruines du village martyr qui permet de revenir sur les enjeux du massacre de sa population le 10 juin 1944. Le décor invite à réfléchir sur les étapes et le processus de mise à mort, ainsi qu'a mettre en perspective ce crime dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
Il était important aussi de souligner les spécificités de ce bourg limousin avant le 10 juin, ainsi que l'importance et les difficultés de conservation d'un village qui est devenu l'un des plus importants sites de mémoire de la région avec ses 300.000 visiteurs.
Deux émouvants moments se succèdent alors : la découverte de l'église (principale lieu de massacre des femmes et des enfants) et celle du chêne de la liberté (toujours vivant devant le lieu du supplice). Une longue marche a ensuite mené les digitaliens à l'intérieur du cimetière et du mémorial de l'Etat.
La deuxième partie de la visite avait pour objectif de revenir sur le douloureux travail de mémoire, avec l'opposition des acteurs et des gardiens du souvenir du site historique. Le contexte de la Guerre froide, de la reconstruction (et surtout le procès de Bordeaux) ont suscité pendant des années une rupture entre l'Etat et l'association des familles des martyrs.
Après un déjeuner tiré du panier, réchauffés par le retour d'un heureux soleil, les participants se sont retrouvés au coeur du second bourg pour partager un café et se plonger dans ce curieux modèle de "ville nouvelle". L'après midi a alors permis de revenir sur la volonté de construire un nouveau bourg ayant les caractéristiques d'un village pensé comme un lieu de pèlerinage.
Chacun a pu apprécier les choix architecturaux en lien avec la politique étatique de reconstruction des année 1950. Notre regard a été particulièrement attiré par la monumentale église (en cours de restauration), véritable vigie entre le nouveau et l'ancien bourg.
Ce second village se distingue par la volonté de sobriété et les stygmates douloureux du travail du deuil qui marquent les choix en matière de décoration des façades ou des plantations.
Le but de la journée était atteint : il a permis à chacun de réfléchir à la question délicate de la transmission de la mémoire et sur ses acteurs. Il a également amené les digitaliens présents à se poser la question de l'importance patrimoniale et historique de ce site pour notre région.
Romain (photos Gilles)
Bonus de visite aimablement suggéré par Jean-Pierre : le pont colombier